23 septembre 2021

Le premier avion à l’aéroport de Saint Hubert

Par George Fuller

Le deuxième monoplan Fairchild FC-2 acquis par le Ministère de la défense nationale du Canada s’envola de l’aéroport du manufacturier à Farmingdale, New York, vers l’aéroport de Rockcliffe à Ottawa, à la fin d’octobre 1927. Il était piloté par le chef d’escadrille John Henry Tudhope. L’avion était d’une version originale du FC-2, avec le fuselage arrière de trois longerons qui lui a inspiré le sobriquet « Razorback ». Affecté à un vol expérimental de courrier aérien pour le Département des Postes, il fut enregistré G‑CYYT. Quoiqu’il ne fut pris en charge officiellement que le 4 novembre 1927, il avait commencé son travail quelques jours auparavant.

En effet, mardi le 1er novembre, le nouveau FC-2, peint de couleur argent avec un lettrage noir (piloté par Tudhope, avec comme passagers L. A. Wilson, Contrôleur de l’aviation civile, et le Major David Barry du Corps Royal Canadien des Ingénieurs), s’envola de Rockcliffe vers une toute nouvelle destination. Au terme d’un vol de 70 minutes, ils firent le premier atterrissage d’un avion au nouvel aéroport du gouvernement fédéral à Saint‑Hubert (Qc). La première piste de 2 000 pieds venait à peine d’être complétée, et le seul édifice sur le site était une structure en bois de 50 x 50 pieds qui servait de hangar. Les visiteurs furent accueillis par un petit groupe qui incluait J.A. Adam, l’ingénieur en charge de la construction, et J. L. Dansereau, ingénieur des Travaux Publics de la Ville de Montréal. Suivant une courte inspection, ils s’envolèrent vers Ottawa.

Le programme expérimental pour accélérer la livraison du courrier embarqué à bord des paquebots transatlantiques en transit dans les ports du Saint‑Laurent avait commencé plus tôt durant l’année. Aidé du bateau-pilote « Jalobert » de Pointe‑au‑Père (reliant navire à la côte), le courrier sélectionné s’envolait de Rimouski vers Montréal par hydravion. La construction d’un aéroport rudimentaire à Rimouski permit bientôt l’utilisation d’avions, plus efficaces et économiques.

Vendredi le 5 novembre, à bord de G‑CYYT, le Chef d’escadrille Tudhope achemina le courrier d’Ottawa et de Montréal vers Rimouski, destiné au paquebot « Mégantic » de la ligne White Star. La semaine suivante, l’avion était de retour à Rimouski pour ramasser le courrier arrivant à bord du paquebot « Montnairn » de la Canadian Pacific Steamship, le 11 novembre.

Le premier avion à Saint‑Hubert continua son service gouvernemental pendant plusieurs années. Au début de 1931, son fuselage « Razorback » fut modifié en une configuration à quatre longerons. Le moteur original en étoile, Wright J‑5 de 220 c.v. fut remplacé par un Pratt & Whitney Wasp Junior A de 300 c.v. Conséquemment, cet avion est devenu un Fairchild 51A, prenant le numéro 627 du CARC et une couleur jaune. Durant la Deuxième Guerre mondiale, il fut libéré par le gouvernement. Austin Airways en prit possession, avec un nouvel enregistrement civil CF‑BVY.

Finalement, il fut retiré de service à la fin de 1947. Ses ailes, empennage et flotteurs furent utilisés pour convertir le Fairchild 71B CF-BVI d’Austin Airways en un Fairchild 51/71. Sous cette forme, il survécut jusqu’en juillet 1949, alors qu’il s’écrasa dans le nord de l’Ontario. Les vestiges de BVI furent récupérés en 1962 par Northern Aircraft Services de Port Stanley, Ontario. Il est encourageant de constater qu’une reproduction du « Razorback » Fairchild FC‑2 a été construite par le Musée de l’aviation de Montréal à Sainte-Anne-de-Bellevue au Québec où elle est exposée.

Sources :

Journaux de l’époque.

AAHS Journal. American Aviation Historical Society, Summer 1874.

Ellis, John R., Canadian Civil Aircraft Register 1929-45.

Griffin, J.A., Canadian Military Aircraft Serials & Photographs.

Milberry, Larry, Austin Airways, Canada’s Oldest Airline, 1985.

Molson, K.M. et H.A. Taylor, Canadian Aircraft Since 1909, 1982.

Sutherland, Alice G., Canada’s Aviation Pioneers…~ 1978.

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