
Laflamme Aéro, en avance sur la réglementation
Une PME familiale
C’est bien connu, ce sont souvent les petites entreprises qui réussissent à faire avancer la technologie. Dans le village de Saint-Joseph-de-Coleraine, nichée au creux des montagnes de Chaudière-Appalaches, une petite entreprise qui emploie une dizaine de personnes s’apprête à faire une grande première dans le monde des drones : commercialiser le premier appareil à décollage et à atterrissage verticaux ayant une charge utile de 90 kg.
Lorsque les frères David et Enrick Laflamme ont obtenu leur diplôme en génie mécanique, ils sont retournés dans leur village natal afin de prêter assistance à leur père machiniste, qui travaillait à la conception d’un hélicoptère biplace pouvant être classé dans la catégorie des aéronefs de construction amateur. Mais en 2004 le projet a été laissé de côté, car le coût pour le mener à bien aurait été trop élevé par rapport à la taille du marché potentiel.
Les deux frères ont alors lancé leur entreprise de génie-conseil, qui leur a permis de s’établir en tant qu’ingénieurs, mais leur objectif avait toujours été de lancer une entreprise manufacturière. En 2010, ils se sont intéressés aux drones parce que c’était un marché dont le potentiel énorme offrait de très nombreuses possibilités. Ils ont alors choisi de se concentrer sur le développement d’un drone à décollage et à atterrissage verticaux dont la charge utile se situe entre 75 kg et 100 kg.
L’absence de règlementation
En 2012, le mot drone était pratiquement inconnu du grand public, et Transports Canada n’y consacrait que deux inspecteurs pour tout le pays. Lorsque les deux frères Laflamme ont rencontré Transports Canada pour la première fois afin de savoir comment procéder pour développer et certifier un drone dont la masse totale serait de près de 300 kg, personne ne connaissait exactement la marche à suivre. Les ressources limitées que Transports Canada consacrait à l’industrie naissante du drone étaient également un frein au processus.
David et Enrick Laflamme ont eu la bonne idée d’utiliser le chapitre 527 du Règlement de l’aviation canadien pour la certification des hélicoptères. Ils ont donc appliqué toutes les normes et tous les facteurs de charges de cette règlementation afin de concevoir leur premier drone. L’adoption de cette démarche rigoureuse a certainement plu à Transports Canada, qui travaille aujourd’hui à mettre en place la règlementation pour la catégorie du LX300, qui est le premier drone conçu au Canada ayant une masse de plus de 200 kg.
Le LX300
Les frères Laflamme ne sont pas partis de zéro, car ils ont été en mesure de récupérer une bonne partie du travail et de l’expérience acquise du projet d’hélicoptère biplace de leur père. La silhouette du LX300 ressemble beaucoup à celle du fameux hélicoptère de transport militaire Chinook fabriqué par Boeing. Étonnamment, à part la taille et le poids du LX300, la seule autre caractéristique qui le différencie du gros Chinook qui pèse 22 680 kg est l’absence de pilote. Le LX300 est véritablement conçu comme un hélicoptère classique et il en a tous les éléments, dont le fameux plateau cyclique. Il est également doté d’une centrale inertielle de navigation et d’un GPS.
Contrairement à des drones de plus petite taille, le LX300 n’est pas équipé d’un moteur expérimental, mais plutôt du moteur Rotax 912, qui est déjà certifié pour la catégorie des avions ultralégers. Cela évite d’avoir à se préoccuper de la certification du moteur tout en ayant des intervalles d’entretien toutes les 2 000 heures, ce qui réduit considérablement le coût d’entretien. Grâce à son autonomie qui peut atteindre 8 heures et à sa portée de 150 km, le LX300 pourra être utilisé pour de la surveillance des frontières et par les corps de police comme mesure de sécurité. Il peut également faire l’inspection des pipelines, des lignes à haute tension ou des champs d’éoliennes en mer. Il peut aussi être utilisé pour de l’épandage agricole, et des applications militaires pourront être développées.
La progression
Les choses ont changé depuis les premiers contacts avec Transports Canada, puisque maintenant on compte plusieurs équipes qui se consacrent aux drones sur le territoire canadien. La conduite des affaires va bon train alors que le LX300 a fait ses premiers vols en septembre 2018 et que la première livraison à un client devrait avoir lieu en 2020. Comme il n’y a pas de règles de certification, il n’est pas question d’obtenir un certificat de type qui serait applicable à tous les appareils de production. Pour l’instant, Transports Canada délivrera un certificat à la fois, et les premiers clients devront avoir de l’expérience dans l’utilisation de drones.
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