SYLVAIN LÉVESQUE

13 avril 2016

Un débat sur un investissement gouvernemental ? Tout à fait d’accord, mais tenons-nous-en aux faits.

Lettre d’opinion par :
Sylvain Lévesque, Ph.D.
Vice-président, Stratégie d’entreprise
Bombardier Inc.

Si vous tenez à déclencher une vive discussion lors d’un repas au Canada ces jours-ci, vous n’avez simplement qu’à soulever la question d’un investissement du gouvernement dans Bombardier. Peu de sujets ont des effets aussi polarisants que l’investissement gouvernemental dans les entreprises privées. Et cela tient au fait qu’en abordant cette question, les opinions exprimées viennent de points de vue basés sur des idéologies carrément opposées.

Comme membre de l’équipe de direction de Bombardier, je suis parfaitement à l’aise qu’on en débatte. Je tiens même à ce que cela ait lieu et mon intention est d’apporter des éléments qui ramènent le débat aux faits.

Comme c’est le cas pour plusieurs sociétés des secteurs de la technologie et de l’aérospatiale au Canada, les investissements gouvernementaux ont été bénéfiques pour Bombardier et nous sommes reconnaissants du soutien accordé. Cela a aidé Bombardier à devenir l’un des manufacturiers de trains et d’avions les plus importants au monde. De nombreux Canadiens partagent ma fierté de savoir que nos fils, nos filles et nos voisins fabriquent des produits qui permettent de tisser des liens commerciaux sur la planète et qui rendent les déplacements mondiaux plus efficaces.

Malheureusement, quand la discussion s’attarde aux chiffres (combien a-t-on investi jusqu’à présent dans Bombardier et qu’en a retiré le contribuable ?), trop de fausses informations parsèment le débat. Il importe donc de rectifier les faits.

À la suite de l’acquisition de Canadair (1986) et de de Havilland (1992), et exclusion faite de la C Series, Bombardier a obtenu un investissement total de 586 millions de dollars des gouvernements fédéral, du Québec et de l’Ontario. Cet investissement a soutenu le développement de nouveaux avions innovants, particulièrement ceux des jets régionaux CRJ, du jet d’affaires Global Express et du turbopropulsé Q400. Grâce aux succès obtenus par ces programmes, Bombardier a remis 733 millions de dollars à ses investisseurs gouvernementaux, soit 125 % de l’investissement initial. Et ce chiffre va continuer de croître au fur et à mesure de la mise en service de nouveaux avions au cours des prochaines années.

Un profil de remboursement similaire est prévu pour les 467 millions de dollars investis par les gouvernements dans la C Series, dont les paiements commenceront cette année avec la mise en service de ces avions.

Le bien-fondé d’un investissement additionnel dans la C Series fait actuellement l’objet d’un débat enflammé. Cependant, un important aspect est trop souvent oublié dans ces discussions : les versements fiscaux générés par Bombardier depuis l’investissement initial dans Canadair sont de plus de 16 milliards de dollars. Ces versements comprennent les impôts payés par l’entreprise et ceux versés sur les dividendes et par les employés ainsi que les impôts fonciers.

En regroupant le remboursement direct des investissements, ainsi que des taxes et des impôts versés, Bombardier a été à l’origine de près de 17 milliards de dollars en revenus gouvernementaux, un rendement des plus avantageux découlant du milliard de dollars que représentent les investissements combinés, incluant la C Series. Ce rendement est encore plus important lorsqu’on y ajoute les milliards de dollars d’impôts versés par les milliers de fournisseurs canadiens qui sous-tendent nos activités.

Un autre fait souvent oublié dans ce débat tient au fait que 93 % des revenus consolidés de Bombardier, et par conséquent ses versements fiscaux aux gouvernements, sont générés ailleurs qu’au Canada. Autrement dit, Bombardier injecte des devises étrangères importantes dans l’économie canadienne créant des emplois et aidant à financer les programmes de dépense gouvernementaux.

Une fois de plus, le débat sur un investissement futur des gouvernements est le bienvenu. Mais lors de ces discussions, abordons également en toute honnêteté les retombées économiques des investissements passés sur l’économie canadienne. À cet égard, les faits parlent d’eux-mêmes. Sur plus de trois décennies, Bombardier s’est avéré un solide partenaire tant des gouvernements que des contribuables.

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