5 février 2016

CAE revoit sa culture d'entreprise

La Presse+
AFFAIRES, vendredi 5 février 2016, p. AFFAIRES 6

QUESTIONS POUR UN PATRON

Emilie Laperrière
Collaboration spéciale

La Presse donne la parole aux grands dirigeants du Québec. Chaque vendredi, un patron répond à cinq questions posées par le chef d'entreprise interviewé la semaine précédente. Et ainsi de suite. Marc Parent, président-directeur général de CAE, répond aujourd'hui aux questions de Pierre Gabriel Côté, président-directeur général d'Investissement Québec.

CAE est reconnue comme le leader mondial de la vente de simulateurs de vol, mais le public ne sait pas que vous êtes aussi un chef de file en formation de pilotes avec un réseau mondial de centres de formation. Pouvez-vous nous parler de votre stratégie de croissance ?

Non seulement on fait de la formation de pilotes, mais on est le leader mondial dans l'enseignement commercial. Chaque jour, il y a approximativement 100 000 vols commerciaux, transportant neuf millions de passagers. La majorité des pilotes aux commandes de ces avions ont été entraînés avec notre équipement ou dans nos centres de formation.

En termes de perspectives de croissance, ça passe vraiment par l'entraînement des pilotes. Le marché est six fois plus grand que celui de la vente de simulateurs, et celui-ci croît d'environ 5 % par année. On détient environ 25 % de ce marché et il y a une possibilité d'augmenter notre part en faisant l'impartition de la formation qui est donnée par les compagnies aériennes. Par exemple, on a annoncé en avril dernier qu'on formait maintenant les pilotes de Japan Airlines.

Vous êtes aussi actif dans le domaine de la simulation en soins de santé. Comment voyez-vous ce marché évoluer avec le temps ?

On est dans ce secteur depuis 2009. Avec le vieillissement de la population et l'avancée des technologies, la demande pour la simulation afin d'entraîner les médecins, mais aussi les techniciens, augmente. On a toute une gamme de simulateurs de patients, utilisés pour pratiquer des soins en situation d'urgence (comme en réanimation) et dans les secteurs de la défense ou de la sécurité civile (notamment pour les premiers secouristes). La technologie s'apparente à celle du simulateur de vol. Le patient va respirer, saigner, crier parfois. Il réagira de la même façon qu'un humain au traitement administré par la personne formée. Le marché est en expansion, notamment en chirurgie non invasive. Le potentiel est là.

Quelle valeur attachez-vous à l'engagement de vos employés ?

C'est vital. Pour moi, c'est évident que la force de CAE, c'est nos employés. Ils sont le moteur de notre innovation et de notre réussite depuis presque 70 ans. En 2016, on met l'accent sur la mobilisation des employés. On veut qu'ils soient fiers de travailler pour nous. L'initiative part de mon bureau. On change notre culture, on passe d'une compagnie technologique à une compagnie de services. On devra faire un effort particulier pour obtenir l'engagement de nos employés, surtout qu'on a dû procéder à des mises à pied dans les dernières années. On met aussi l'accent sur la responsabilité sociale de l'entreprise.

Certains perçoivent les simulateurs de vol comme de « grands jeux vidéo ». Y a-t-il des liens entre votre entreprise et le secteur des jeux vidéo qui se développe à Montréal ?

Nos simulateurs ne sont pas des jeux, ils misent sur la sécurité des passagers. Le premier vol d'un pilote est fait avec des passagers à bord, alors il faut que notre « jeu vidéo » soit bon ! Ce sont deux industries différentes. Cela dit, on profite du fait que l'industrie du jeu est à Montréal et vice-versa. Notre plus grand bassin de main-d'œuvre à CAE est composé d'ingénieurs logiciels. On voit souvent des employés chez nous qui viennent de l'industrie du jeu. Il y a une bonne synergie dans ce sens-là.

L'innovation est l'un des défis les plus importants pour les entreprises québécoises. Que faites-vous pour être toujours à la fine pointe de la technologie ?

Il n'y a pas de recette magique, c'est de l'investissement. Pour compétitionner à l'échelle mondiale, il faut innover. Depuis quatre ans, on fait chaque année les Défis de l'innovation. On lance trois sujets par an sur notre plateforme interactive et on demande à nos employés de trouver des solutions ou des idées innovatrices. On a eu des centaines d'idées depuis le début et des brevets ont été développés. Plusieurs innovations se retrouvent dans nos produits ou sont en cours de test. Depuis 1997, on a dépensé 2 milliards en recherche et développement. Chaque année, on dépense de 6 % à 10 % de notre revenu dans ce secteur. On le fait en partenariat avec les gouvernements du Québec et du Canada.

 

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